Un début de soirée comme les autres #PV Norah#

21h00, le soleil commence à s'effacer du ciel, pour laisser un voile d'obscurité, parsemé d'étoiles, le recouvrir. Les gens rentrent chez eux, vont rejoindre leur famille, leurs amis. Peu d'entre eux traînent encore entre les grands boulevards, dans les rues étroites de Londres, mis à part dans le but d'aller rejoindre un endroit. Parmi eux, un homme. Tout pour paraître banal. Un simple jean, une chemise noire, recouverte d'un blouson en cuir. Tout le monde aura entendu parler de Jason Harrison, un homme rechercher depuis peu par la police Londonienne, pour arnaque, vol et manipulation. Et les personnes qui passaient devant cet homme brun, à la peau légèrement claire par le vent qui soufflait dans ce royaume, n'auraient jamais imaginer croiser ici le malfaiteur. Non, il devait se cacher. Voila ce qu'ils pensaient tous. Et pourtant, un petit changement physique suffisait à ce qu'on ne le reconnaisse pas. En effet, il y avait encore quelques mois, Harrison avait les cheveux mi-longs, la barbe un peu plus épaisse. Enfin, il avait abandonné ce look de bad boy pour en adopter un, disons plus classe. Quand il s'habillait d'un costume noir, les gens n'y voyaient que du feu : ce n'était qu'un homme d'affaire.

A la recherche d'une victime? Probablement. Jason, grand manipulateur, charmait tout d'abord les jeunes femmes, avec une immense facilité. Et puis, il ne fallait pas oublier que c'était avant tout un homme, donc, le fait de laisser ces demoiselles tomber sous son charme n'était pas qu'un jeu, mais un plaisir personnel. Une façon simple ensuite pour commencer à leur faire croire de nombreuses choses, comme s'enrichir rapidement. Puis ses victimes se rendaient compte, un peu trop tard, qu'elles s'étaient faites rouler. Harrison avait un talent certain pour la comédie, oui, il n'y avait aucun doute là-dessus.

Des bruits de pas se faisaient entendre le long du trottoirs, raisonnant dans un passage étroit, entre deux murs de bâtiments, l'un à quelques centimètres de l'autre. Le rythme était soutenu, ni trop lent, ni trop rapide. Le son, de ses chaussures claquant sur le pavé, devenait toujours un peu plus fort. Parfois, il croisait une personne, ou bien deux, mais ne leur prêtait pas vraiment attention. Non, il cherchait la personne idéale qui lui servirait de pigeon. Là, il passa devant un bar très fréquenté de la capitale. Ici, les jeunes femmes parfois saoules et seules tombaient comme des gouttes de pluie, en grande quantité. Il alla s'installer, dos contre un mur de brique, à labris de quelques regards indiscret, alors que ses yeux bleus vagabondaient la sortie du bar, pour agir au bon moment.

Le « métier » d'arnaqueur n'était pas de tout repos. Il fallait savoir quand agir, et où, trouver les bons mots, adopter la bonne attitude, à la fois distante et charmeuse. Les femmes adoraient cela. Et ses principales victimes sortaient souvent seules des bars.

Il était dans les environs des 21 heures lorsque la jeune femme était sortie de ce fameux bar. Un bar qu'elle cotoyait de temps à autre mais dont elle sortait bien souvent bourrée. C'était le bar aux lamentations comme elle disait si bien parfois. Quand elle n'allait pas bien, la jolie blonde passait sa soirée dans ce bar, noyant son désespoir en compagnie de quelques verres... D'alcool bien sûr, à quoi bon boire de l'eau dans un bar alors que vous pourriez la trouver encore meilleure chez vous ? Mais pour une fois, Norah n'était pas ivre, non elle n'avait bu qu'un seul verre. Pourquoi ? Simplement parce qu'elle n'était pas d'humeur à se saouler. Elle n'allait pas bien certes, mais ce n'était peut-être pas le jour pour qu'elle se laisse aller comme à chaque coup de bluzz. La raison de sa tristesse ? Surement l'amour... Elle pensait chaque jour comme chaque nuit à Erwan, qu'elle avait laissé seul à l'époque. Même si toute cette histoire faisait partie de son passé, elle ne cessait de croire qu'il avait trouvé mieux qu'elle, qu'il lui en voudrait totalement suite à son départ. Car oui, elle l'aimait toujours au fond. A l'époque ça n'avait pas été une simple amourette,non. Mais un amour sincère, profond dans lequel les deux jeunes gens avaient promis de se faire confiance quoi qu'il arrive. Norah avait en quelque sorte trahie cette confiance, partant sans même prévenir Erwan. Elle détestait les adieux et ce n'était pas son genre de mettre des heures pour dire au revoir à quelqu'un,encore moins à son petit ami qui restait tout de même une des plus importantes personne à ses yeux.
Norah n'avait donc pas noyé sa tristesse en compagnie de quelques verres comme à son habitude, ressortant après un simple verre de Monaco, rien de trop violent avouons le. Vêtue d'un jean taille basse ainsi qu'un t-shirt assez simple qui la mettait tout de même en valeur,elle sortit une cigarette de la poche arrière de son jean cherchant au passage son briquet. Mais ce fut en s'apercevant qu'elle l'avait oubliée qu'elle soupira.

<< - Foutu briquet... >>

Elle soupira de nouveau,gardant tout de même sa cigarette à la bouche. Rien de trop élégant la cigarette pour une femme vous ne trouvez pas ? Norah s'y était habituée depuis qu'elle avait quitté Erwan, c'était une sorte de punition, se faire du mal en prenant le genre de trucs déconseillés même si ce n'était pas la pire chose qu'elle aurait pu faire bien sûr. Son pied heurta un cailloux qu'elle envoya un peu plus loin, le regard légèrement perdu. Ce dont elle n'était pas consciente, c'est que de l'endroit où était Harison, celui ci voyait bel et bien toute la scène.

Jason Harrison continuait d'observer la sortie du bar d'un oeil discret. Enfin un peu d'action. En effet, une jeune femme, d'une grande beauté, sortit quelques minutes après. Le regard intensément bleu de l'homme se posa donc sur elle, portant son attention à chacun de ses faits et gestes. Elle semblait énervée, triste. Problème de coeur? Ce fut ce qu'il pensa pour la bonne et unique raison qu'à son âge, à part les garçons, les demoiselles ne pensent pas à grand chose d'autre, mais bien sûr, c'est réciproque. Après, peu l'importait de ce qu'elle pouvait avoir comme problème, il avait déjà les siens sur les épaules et puis, ce n'était qu'une inconnue parmi tant d'autres. D'accord, elle, elle était une très belle inconnue.

Il l'observa sortir une cigarette du paquet, qui se trouvait dans la poche arrière de son jean, avant de la porter à ses lèvres. Puis elle sembla chercher quelque chose. Un briquet sans doute? Après tout, ca serait plus que logique. Quelque peu énervée, la jolie jeune femme donna un coup de pied dans un cailloux qui roula dans l'obscurité, juste à quelques mètres d'Harrison. Celui-ci baissa un instant ses yeux bleus pour le suivre du regard, et releva la tête vers la dénommée Norah. Était-ce le moment d'agir? Oui probablement.

Le parisien sortit donc à son tour une cigarette qui s'était située, quelques secondes plus tôt, dans la poche intérieure de sa veste en cuir. Il saisit un briquet par la même occasion et l'alluma tranquillement, avant de s'avancer, lentement, vers la sortie du bar, jusqu'à passer devant la jeune femme, qui semblait toujours chercher quelque chose pour allumer la clope, entre ses lèvres. A quelques centimètres d'elle, il daigna enfin tourner la tête vers elle, tandis qu'il soufflait la fumer de la sienne, par sa bouche entre-ouverte et par ses narines. Il plongea la main dans la poche de son jean et en ressortit une nouvelle fois le briquet qu'il lui tendit sans un mot, alors qu'il croisait son regard, avec une certaine assistance.

Ce n'est qu'après quelques secondes de silence qu'il lui demanda, sur un ton légèrement détaché et pourtant, il voulait se faire passer pour un homme qui pouvait l'aider en écoutant ses problèmes.

Dure journée?

D'une grande beauté ? Elle l'était beaucoup moins une fois triste et c'était le sentiment qu'elle éprouvait à l'instant présent, de la tristesse à l'état pur... Mais il fallait qu'elle fasse avec,elle n'était pas bourrée c'était déjà cela alors qu'elle l'aurait fait si elle s'était décidée à agir comme à son habitude. Mais ce n'était pas le cas, peut-être que le destin voulait qu'elle soit totalement consciente en sortant du bar, afin qu'elle réfléchisse, qu'elle se retrouve face à elle même. Problème de coeur ? Il était observateur, même très bon observateur car la tristesse n'était pas toujours due à une relation amoureuse et Norah en était totalement consciente. Mais il y avait des fois comme ça où le remord s'emparait de vous. Norah avait mal au ventre, énormément même à force de réfléchir et de chercher une solution à son problème. Mais que faire après un tel départ de sa part ? Elle était partie,sans même le prévenir,ayant pour seule excuse qu'elle détestait les adieux. Elle n'avait pas mentie sachant qu'elle détestait partir et laisser derrière elle des personnes qu'elle aimait,cependant ce n'est certes pas une raison pour partir ainsi sans même une seule lettre.

Elle n'avait donc pas de briquet,super pratique pour allumer sa cigarette me diriez vous... Mais il faudrait bien faire avec... De plus,à cette heure,elle ne risquerait pas de trouver quelqu'un qui avait un briquet,à moins de rerentrer dans le bar qu'elle fréquentait quelques minutes plus tôt,mais pour tout avouer ce n'était pas son envie principale sachant qu'elle savait pertinemment qu'elle reprendrait un verre si elle y retournait. Le cailloux contre lequel elle tapa se retrouva près d'Harison et c'est surement cet élément déclencheur qui fit apparaître Jason à ses côtés. La jeune femme ne le reconnaissait pas,bien qu'il soit en photo dans le journal,en même temps il faisait nuit et les lampadaires éclairaient simplement une partie de son visage.

Il termina par lui tendre son briquet,qu'elle prit en souriant. Ca c'était de la chance,ou plutôt le destin qui en avait décidé ainsi ? En tous les cas elle ne se fit pas prier et alluma sa cigarette, retrouvant le sourire en l'espace d'un seul instant,bien que son sourire n'était pas totalement vrai mais plutôt forcé.

<< - Et vous ? >>

Lui répondit-elle en souriant,c'était une façon pour la jeune femme de ne pas répondre à sa question,tout simplement parce qu'elle n'était pas s'égarer sur sa vie encore moins amoureuse... Elle le regarda donc,lui tendant de nouveau son briquet tandis qu'elle ajoutait un petit.

<< - Merci... >>

Oui, Harrison était un grand observateur. Il aimait des fois s'asseoir sur un petit muret en pierres, et observer les gens passer. Ayant une sorte de don pour la physiognomonie, là, il pouvait comprendre quel était le genre de problèmes qu'ils avaient. Pourtant, cela ne faisait pas de lui un psychologue. Car, les personnes qui ont des problèmes, tant pis pour elles, mais que très rarement il ne se décidait à les écouter, prétextant qu'il en avait autant qu'eux, comme tout le monde. Il y avait des personnes plus à plaindre, toujours, n'importe où. Donc, pourquoi se plaindre à tout bout de champs? C'était tout simplement idiot et pathétique.

La jeune femme prit le briquet de l'homme, et se décida à allumer sa cigarette, tandis que lui, portait une nouvelle fois la sienne à ses lèvres pour en prendre une bouffée et resouffler la fumée par ses narines et sa bouche. Là, elle ne lui répondit pas explicitement, préférant lui retourner la question, ce qui eut le mérite de laisser un petit sourire en coin s'afficher sur le visage du malfaiteur. Il se contenta de la regarder avec insistance. Si elle répondait par une autre question, c'est qu'elle avait vraiment un problème, mais qu'elle ne voulait pas l'embêter avec cela.

Donc, il se contenta de ne pas la quitter du regard, avant de lui répondre, sur un petit ton amusé et sûr de lui.

J'ai posé la question en premier.

Façon implicite pour lui faire comprendre que c'était à elle de répondre à sa question, pas à lui. Et puis, qui disait qu'il avait envie de lui dire s'il avait passé une bonne journée? Ou bien une dure?

Et quand elle lui lui retendit le briquet noir, Jason le saisit et se contenta de lui adressé un hochement de tête suite à son remerciement.

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