Une fin d'après-midi sans histoires [Libreuh]

Les magasins d’antiquités avaient toujours attiré Lucy. Pourquoi, elle n’en savait rien. A vrai dire, les vieilles choses la fascinaient. D’ailleurs, quand elle était petite, elle était toujours partante pour visiter des vieilles maisons inhabitées. Au même âge, quand elle allait chez des amis, ce n’était pas la beauté de la chambre de son camarade ou la taille du jardin qui l’intéressait, mais bel et bien le grenier. C’était fou tout ce qu’on pouvait découvrir dans une pièce comme celle-ci. L’intimité des gens exposée en plein jour, sans que ce soit indiscret. Les robes de mariée démodées mais si belles, de vieux bibelots poussiéreux, des albums photo jaunis par le temps.

Revenons au présent. Lucy entra donc dans la boutique. Aujourd’hui, elle était vêtue simplement, comme à son habitude. Un slim en jean brut, une paire de converses noires, un débardeur mauve et une veste blanche par-dessus. Instantanément, elle se retrouva dans un monde parallèle. Le magasin paraissait à la fois sombre et d’une luminosité extraordinaire. La jeune femme inspira à pleins poumons le parfum un peu aigre de la poussière qui pourtant était inexistante. Lentement, elle fit le tour de la boutique. Tous ces objets, vêtements ou choses impossibles à identifier semblaient être dans un désordre incroyable, comme jetés pêle-mêle. Et pourtant, on s’y retrouvait parfaitement.

Soudain, Lucy s’immobilisa devant une sorte d’établi couvert de vases, près de l’entrée. Complètement sous le choc, elle découvrit un magnifique Stradivarius, dans un état parfait. Ce qu’il faut savoir, c’est que les Stradivarius sont sans doute les meilleurs violons du monde, époques et pays confondus.
La jeune femme ne bougea plus. Elle n’osait même pas approcher la main de cet instrument qui devait valoir une fortune. Elle était même en train de se demander si le violon de ces rêves n’était finalement qu’une illusion.